Pas de la provoquation, mais de la taquinerie (PV: EITC)

Oriona n'avait aucunement l'intention de provoquer le Lord directement en venant sur son navire. Non, elle n'en avait aucune envie. En fait en voyant l'absence d'activité dont faisait preuve le batiment du Lord, elle s'était dit qu'elle pouvait faire un tour. Mais elle ignorait que le navire n'était pas désert. Quelqu'un la suivait derrière elle sans qu'elle le sache. Cette personne était...

...Le maître d'équipage lui-même.Epuisé,Cutler avait ordonné qu'on le laisse seul sur son navire,seul avec ses cartes et ses pensées.Les marins avaient accpeté sa requette sans mal,heureux de terminer cette longue faction et de pouvoir aller dépenser leur solde dans la taverne du port.
Accoudé au bastinguage,il rêvassait lorsqu'il remarqua la nymphe.

-Puis-je vous aider,mademoiselle...?

Oriona se retourna. Beckett. Il ne l'avait peut-etre pas remarquée tout de suite.

Non, tout iras bien.

Elle souriait hypocritement

Il haussa les épaules,totalement indifférent,vide comme lorsque Cate lui avait avoué ses sentiments à son égard.Tellement loin que la réalité semblait défiler toute seule.

-Bien.Amusez-vous donc,mademoiselle.

D'un pas nonchalant,l'homme le plus craint de Port Royal tourna les talons et planta la damoiselle là,comme si elle n'avait jamais existé.
Cutler alla se poster à l'autre bout du bateau,sur la dunette,regardant les vagues venat lécher la coque avec lassitude.Il soupira.

Oriona n'en croyait pas ses yeux, ni ses oreilles d'ailleur. Il venait de la PLANTER là. Elle ne le reconnaissait plus. Elle le regarda quelque secondes les yeux grand ouvert, remarquant qu'il était lassé, se risqua à demander:

T'es sûr que tout vas bien?

Elle se demandait un instant si c'était bien à Beckett qu'elle parlait. Dumoins, au Beckett qu'elle a toujours connu, entendu et vu. Ce n'était pas le même. Ce n'était pas possible...

Cutler soupira de nouveau,mais cette fois-ci avec application.En plus,il devait lui répondre,c'est à dire parler,donc fournir un effort,ce qu'il n'avait pas envie de faire.pourquoi le ciel l'avait-il fait poli et courtois ?
Croisant les bras sur la rambarde lustrée,fixant toujours l'océan,il lâcha :

-Magnifiquement bien.Comme un charme,comme si le monde se résumait au bonheur sans limite et à l'allégresse lumineuse d'une existance ne connaissant pas les soucis.

Bref,c'était la grande forme,peinte sur son visage gris en maussade,passionné par cette vue aussi plate et morne que son humeur.

-Et vous ?

Erreur fatale : en lui retournant la question,elle lui répondrait,donc engagerait une discussion qu'il devrait suivre et où il devrait prendre part.La journée s'annonçait formidable,décidément.

Oriona lui répondit.

Je vais bien, aussi bien que toi.

Puis elle se dirigea vers Beckett, et s'appuya sur la même rambarde que lui. Elle regardait l'océan, qui était très calme. Peut-être trop calme à son goût.

L'océan est bien calme aujourd'hui je trouve. Pas toi?

Cutler haussa les épaules,comme si tout ce manque d'intérêt l'agaçait,l'électrisait.

-Le calme avant la tempête,j'immagine...L'océan est votre royaume,créez un ouragan et l'affaire est faite.

Tout lui était intolérable aujourd'hui.Elle qui se disait si forte,qu'elle se débrouille ! Le Lord en avait assez de devoir toujours avoir réponse à tout.
Calme ou non,cette mer n'était qu'un miroir reflétant ses problèmes.

Ce n'était pas le même Beckett qu'elle avait en face d'elle. Autant en profiter.

Je pourrais encore créer un ouragan. Regarde, la-bas sur les rochers.

Elle bougea un peu la main, puis tout au fond, exactement à l'endroit qu'elle avait montré, un ouragan se déclencha. C'était réellement stationnaire. Mais impressionnant. Mais elle voyait bien que cela était sans interet pour Beckett. Et était donné que ce n'était pas le même Beckett qu'elle avait devant elle. Elle lui dit, tout en contemplant son ouvrage.

Ca se voit tu as des problèmes autres que les pirates.

Puis elle lui demanda, comme une confidente, et se penchant pour regarder l'océan.

Aurais-tu déjà songé à en parler?

Il n'y avait pas que des confidents humains, qui chaque secondes, pouvait répéter ce qu'il venait d'entendre. Il y avait aussi des confidents matériaux, qui eux ne risque pas de tout divulger...

Mais pour qui le prenait-elle ? Pour une servante en mal d'affection,une domestique portée sur les confidences ? Cutler la toisa froidement,comme si son unique présence suffisait à lui soulever le coeur de colère sourde.

-Croyez-vous vraiment qu'il serait avisé de parler de moi à une personne s'immaginant que je ne vaut pas un disième d'elle,une seule particule de poussière et qui me voit comme un incapable fini...?

Sa main se crispa tellement sur le bois que ses jointures en blanchirent.

-Ma journée est assez exécrable comme cela,merçi mademoiselle.

Oriona avait senti la remarque arriver. Elle lui dit, toujours le sourire sincère au lèvre, indifférente à toute cette froideur.

Mais je ne parlais pas de moi.

Elle regarda l'océan une dernière fois, puis sentant qu'elle n'était pas à sa place, elle s'éloigna, sans pour autant rester trop éloignée. Elle contemplait le navire de Backett...

La haine monumentale que lui avait soufflée les vents marins tomba d'un coup.Cutler haussa brusquement les épaules,comme un réflexe,ou peut-être un frisson.Non,il n'avait pas besoin de se confier.Ou essayait-il de s'en persuader ?
Il parla tout haut,comme s'adressant au vent,à la rive :

-Il n'existe auncun être sur cette terre capable de faire cela.Jamais il n'y en a eu,jamais il n'en existera.Je suis pas de ceux que l'on décode et que l'on réconforte.

Le Lord baissa les yeux,comme happé par une mélancolie subite.

-Vous avez bien de la chance : votre coeur est vide de tout sentiment,de toute souffrance.

Oriona, elle se sentait capable de tout dire.

Erreur. N'importe lequel d'entre eux pourrait me faire fléchir. Il est tout sauf vide. Comme beaucoup de marin, j'aime l'océan. Me savoir à proximité me réconforte.

Puis elle ajouta, comme s'adressant à l'air.

Etre une créature marine ne m'exenpte pas de ressentir, d'aimer mes origines.C'est simplement à moi d'éviter d'y faire face.

Puis elle dit, un brin de tristesse dans la voix.

Ou de faire comme s'ils n'avait jamais existé.

Devant toute l'abstraction de la scène,du monde et du vide qui avalait tout sur son passage,son âme,ses pensées,son coeur et son identité,le Lord murmura ces mots,comme dans un soupir....

-La mer, le vent.
Le chant d'une mouette et le ronronnement des vagues.
La mer, berceuse envoûtante, enchanteresse.
Levé du matin sur la plage,
Brume et mystère.
Soleil voilé, écharpe de gouttes d'eau.
Beauté dévoilée dans la sérénité de la bise.
Sable doux et mer grise.
Immensité presque opaque,
Tandis que les oiseaux se balancent.

L'air m'effleure et soudain
c'est le calme absolu,
Aussi lourd que le sommeil.
Je fais partie d'un Tout,
je ne suis pourtant Rien.

Le souffle de la liberté me caresse le cou.
Vent, Liberté.
L'infini devant moi.

Nul n'aurait pu l'entendre,mais une légère bise soufflait à ce moment.Il rouvrit brusquement les yeux : l'avait-elle entendu ?!? Un frisson glacé couru le long de son dos.Le Lord se retourna vivement.Comme ele allait lui faire payer ses mots malheureux ! L'écraser,l'étouffer sous son orgueil qui faisait d'elle une nymphe et lui un homme.

-Pour quoi rester,pourquoi ne pas repartir sous les eaux et nous laisser,pauvres diables que nous sommes,vivre et mourir comme des automates ?

Parfois les pouvoirs d'Oriona dépendait de se qu'elle ressentait à ce moment là. Or, elle entendait ce que Beckett disait, et elle reconnaissait là son habitat, son élément. Elle se perdit dans ces mots et la brise s'était déclenchée toute seule. Soudain, sa rêverie fut interrompue:

Pour quoi rester,pourquoi ne pas repartir sous les eaux et nous laisser,pauvres diables que nous sommes,vivre et mourir comme des automates ?

Elle lui répondit franchement:

Beckett. Il y a une chose que j'ai comprit depuis que je suis dans ce monde. J'ai beau faire mon interessante, je ne suis pas mieux qu'un humain. Je suis même moins.

Elle était très sérieuse.

Je commence même à prendre goût à cette vie et je commence à envier toute ces personne qui sont prètes à tout accepter...

Puis elle ajouta, en étant plus que sérieuse.

Même pour ce qu'il espère ne jamais avoir à vendre.

Et elle ajouta:

Et tu le sais... Tu le sais même mieux que moi...

Lord Beckett faisait partie de cette catégorie restreinte de personnes dont on ne perçoit pas les émotions,avec lesquelles deviner les pensées relève du miracle.Un mur invisible de glace,une carapace de mystère,un brouillard de calme placide décourageaient les plus perspicaces.Mais ce que très peu de monde savait,c'était qu'il existait une porte dans ces murailles infranchissables d'un esprit réglé comme une horloge.

Ses yeux.

Qui aurait pris le temps de s'y plonger,bien qu'au risque de s'y noyer,aurait vu passer sur cette étendue bleu pur des ombres par moment,comme des spectres d'un temps passé.Tristesse,mélancolie,amusement,joie passagère,haine,espoir,tout s'y retrouvait,caché,à l'abris de tous.Mais personne n'osait tenter de percer ce secret si bien gardé.Cutler connaissait cette faille,mais ne s'en souciait guère : personne ne lui aurait fait l'affront,la provocation de le regarder droit dans les yeux.C'était ces deux pointes glacées avec lesquelles il poignardait les consciences les plus innocentes qui tressaillaient déjà.
Maintenant,le bleu de ses yeux saillait sous une douleur profonde,une peine à fleur de peau.

-Plus on croit être savant et plus on veut en apprendre,moins on en sait.La vérité est là.Je n'ai rien à vendre,rien à acheter,aucune monnaie à dépenser.Je me contente de prendre ce que je veux sans y penser.Cruauté,diraient certains.Juste retour des choses.On ne change pas sa nature car on ne peut changer,même en se donnant tous les masques possibles.Je paierai ce qu'il faudra payer un jour,je suis tranquile,et j'attends.

HJ: Il est dépréssif?

Oriona aurait voulu savoir ce qu'il pensait, ce qui n'allait pas, comment il se sentait. Mais elle ne trouvait pas. Elle aurait aimé trouver quelque chose à dire. Mais rien ne sortait.

Peut-etre, mais ce n'est pas en attendant que tu obtiendra l'objet de ton attente...

Elle s'éloigna encore un peu, et ne sachant que faire et saisit par un élan inconnu, elle commença à chanter, improvisant un petit air:

Pourquoi courir après le temps
Etant donné que maintenant
Il est trop tard pour changer
Trop tard pour s'évader...
Mais le temps s'est-il arrêté
Et va-t-il nous empêcher de continuer...
La mer a toujours été belle
Mêm' si elle peut aussi être cruelle
Et se croyant au dessus de tout
Elle est devenue rien du tout...
Maintenant qu'elle réclame une défense
Personne n'entre dans la danse
Elle doit se défendre toute seule
Pour ne pas avoir à revêtir son linceul...
Alors s'il vous plait dites moi
Pourquoi certains attendent
Alors que tout le monde sait qu'autour de soi
Les mains se tendent...
Il suffit de tendre le bras
Pour que quelqu'un soi là
Nous aide à nous relever
Nous éviter d'abandonner...
Pourquoi il y en a qui ont des réticences
A tendre leur bras,
Sans pour autant que cela ait un sens
Afin qu'on les sorte de l'embaras...

Hj : non non...ça lui prend,quelque fois XD


Un petit sourire désolé se glissa sur ses lèvres.Malgré la jolie voix d'Oriona et la poésie de ses paroles,le Lord n'était pas convaincu.Tout cela était trop utopique,trop abstrait et paraissant sortir tout droit d'un conte de fée.Cependant,il décida de jouer le jeu.

-Tout cela est bien beau,mais ces personnes manquent quelque peu à l'appel.Et que peuvent-elles faire contre des maux ne pouvant guérir...?

Oriona sortit de sa petite rêverie. Elle avait sorti ça comme ça, sans raison particulière. elle répondit:

Les maux qui ne peuvent guérir n'existe pas. Il y a toujours une solution.

Elle se savait très utopique dans ses propos. Mais elle n'y pouvait rien. Pour elle tout les problèmes avait une solution. Et puis, même si on pouvait la trouver naïves, un peu de naïveté n'a jamais tué personne...

Il regarda les plaches de bois lustrées avec soin par les mousses ravis de montrer leur adoration pour la marine Anglaise.Tant d'espoirs naissant ou mort sur ce batiment,tant d'âmes animé par le désir de devenir un héro,et tous ces héros dont l'âme avait trouvé lapaix un peu trop tôt....

-Et que faire lorsque la cause de notre mélancolie n'a pas la sympathie de se présenter à nous ?

Être triste et gris sans savoir pourquoi,était-ce son cas ?

Oriona se sentit étrangement visée en tant que personne à laquelle la cause de leur mélancolie ne se présentait pas.

Et bien fait comme moi. Cherche.

Cette sourde douleur,acerbe,implacable,sournoise et aigre reprenait ses droits sur le coeur du Lord.Un rictus de dégoût tordit sa bouche,il détourna les yeux.

-Je ne veux pas trouver.Je ne veux rien savoir,tout oublier,tirer un trait et continuer.Mais il faut croire que mon Destin doit s'écrire dans le sang et les larmes.Quel qu'il soit,je l'accepte.

Cutler le savait,la seule façon de trouver le repos serait éternelle.Et il ne pouvait se le permettre.Il n'était pas homme à baisser les bras,envers et contre tous,même seul face au monde,à la seule force de ses poings serrés,à la seule lueur de ses convictions.

-Et vous,mademoiselle,qu'êtes vous venue chercher içi bas ?

La lumière ? beckett ne la trouverai jamais,lui.Mais dans les ténèbres les plus profondes,il poursuivrait sa route,coûte que coûte.

Oriona soupira:

Je cherche des réponses.

Puis elle ajouta:

Mais il y en a une que je me pose tout le temps depuis que je suis ici: Quel camp ai-je choisi?

Il la regarda,un peu anvieux de cette femme qui était libre.Cutler se souvenait du jour où il avait renoncé à ça,et cela le rendait encore plus gris.

-Le meilleur camp que l'on puisse trouver est le sien,mademoiselle.Je ne sais si le vôtre est içi,à Port Royal,ou sous les eaux,et je vous souhaite de le trouver un jour.Après tout,ne doit-on pas s'acclimater pour survivre,trouver une place dans le groupe et se fondre dans la masse...?

Beckett regarda de nouveau par dessus bord,vers l'horizon lointain et ses mystères.

Mais justement, dans quel camp est le mien? Et je me fond dans la masse tant que je peux, mais parfois on a besoin d'être soi-même, sinon, on exploserait. Et peut importe ce que l'on est ou qui l'on est, c'est jamais très joli à voir...

Elle dit ça en grimaçant légèrement en pensant à ce que cela pouvait faire quand elle explosait... tout était envisageable...