Vous revoir,Elizabeth...

Une bise fraiche soufflait ce jour-là,faisant claquer une cape couleur de suie tel un étendard lugubre.
Une main pâle indiqua d'un geste absent à sa seconde ombre de veiller au retour des soldats au fort ainsi qu'au rapport concernant leur visite.
Cutler Beckett masqua mal un petit sourire amusé : il allait revoir mademoiselle Swann.Ou plutôt Elizabeth,le nouveau tournant de leurs relations permettant u peu plus de...Familiarité.
Deux coups furent administrés à la porte tandis que le tricorne du Lord se glissait sous son bras,poliment.Il immaginait sans mal et avec délice l'expression de surprise qu'arborerait la jeune femme;il n'osa donc appeler,et resta là,le vent gonflant toujours son manteau et lui donnant l'air d'un fantôme.

hj: je te prévient toi tu le fait fleurté avec Ely je ne t'adresse plus la parole!!!!!

Hj : Tout de suite,les soupçons...."^^

hj: avec toi il y a de quoi!! une fille ma déjas fait se coup et j'ai cru que j'allait devenir fole tellement que sa ma blésser!!

Hj : Promis,il va tout tenter pour rester sage ! Mais bon,si cette chère Lizzie lui saute au cou,je sais pas s'il pourra se contrôler...Comme sur la plage,en fait.

hj JE DEMANDE LE RIVROSE!!!

Hj : les affaires reprennent...^^



Allons allons ! Port Royal n'avait aucun secret pour Beckett.La ville lui appartenait,pour ainsi dire,et les murs possèdent des oreilles,c'est bien connu.
Avec un fin sourire fort avenant,Cutler répondit posément à la demoiselle dont le trouble,àson humble avis,rendait encore plus charmante.

-Bien le bonjour,Elizabeth.Je vois que votre malaise de l'autre soir n'était que passager...J'en suis ravi,du moins.C'est un plaisir de vous voir aussi radieuse.

On aurait pu le croire ironique ou moqueur,mais pas en connaissant son passé,leur passé,qui ne tenait qu'en une soirée,mais quelle soirée...Il s'en souvenait encore,sans peine et sans regrets,à vrai dire.

-Je voulais vous revoir,mademoiselle.A vrai dire...Je n'ai pu m'ôter de l'esprit la soirée que nous avons passé ensemble.

Le Lord n'ajouta rien.Son esprit vagabondait déjà vers de doux souvenirs tandis que son regard de glace,étrangement doux et magnétique,ne quittait pas le fin visage de la demoiselle.

Hj: Oui, enfin! ^^

Un sourire forcé se dessina sur ses lèvres fines. Elle se décala pour laisser passer son "invité".

Oui, cette soirée... dit-elle d'un air géné.
Mais entrez donc, ne rester pas sur le pas de la porte!

Elizabeth se forçait à être accueillante et gentille. Une chose était sûre: elle ne voulait plus reparler de cette soirée. Que lui était-il passer par la tête? Peut-être le désir de ne plus avoir la Compagnie des Indes à ses trousses. Possible...

Beckett ne se lassait pas de remarquer le trouble de la jeune femme.En fait,il adorait mettre mal à l'aise et observer ce que cette gêne entrainait.Surtout chez les jolies femmes.

-Je vous remercie,Elizabeth.

Il n'abandonnerait pas de sitôt cette marque de familiarité qui lui tirait à chaque fois un sourire...Rêveur ?
Cutler connaissait par coeur la maison des Swann.Rapports et plans divers l'avaient déjà renseignés,connaissances rapidement égaillées par quelques visites intempestives.
Cependant,ayant tout de même reçu une excellente éducation,il resta dans les vestibule.Une large table de chêne massif tronait là,au centre de l'entrée,sous le magnifique lustre de cristal recouvert d'une fine couche de poussière.Avec une élégance racée,le Lord déposa son tricorne sur ladite table et détacha sa cape qui fut également déposée sur la surface de bois patinée.

-Cette demeure est toujours aussi charmante.Et votre présence ne fait qu'y contribuer,très chère...

Ses regards avait glissé du lustre vers ses affaures,avant de glisser lelong de l'épaule d'Elizabeth en une caresse muette et imperceptible.Pourtant,rien dans son attitude ne montrait une intention de plaire ou de séduire.Succomberait-elle comme sur la plage ?

Cutler prit la tasse distraitement par son anse,la châleur du thé n'arrivant pas à faire monter des couleurs à ses mains blanches.

-Trop aimable,mademoiselle...

Il était vrai que la vaste demeure semblait inhabitée depuis de longues années,si grise,si froide,si vide.Le manoir de sa famille,en Ecosse,ne devait pas faire meilleur figure.Mais avec ces lieux chargés d'histoires et de souvenirs,il faut souvent associer avantures tragiques,familles déchirées,passé enfoui et oublié.Peu importait,le Lord n'était pas là pour cela,pas plus que pour les pirate ou pour Weatherby Swann.

-La chance me sourit de manière fort étonnante,ces temps-ci.Si étrangement qu'il est par moment fort ardu de la comprendre.Comme cette fameuse nuit,quand nous étions seuls,sur cette plage,à observer les cieux étoilés...

Beckett parlait lentement en détachant bien chaque mot pour les graver dans l'esprit d'Elizabeth.Sa botte droite se posa sur une marche de l'escalier de marbre,à un mètre de la jeune femme,conquérante.

-C'est pour obtenir quelques...Eclaircissements que je suis içi.

Il n'avait pas touché au contenu de sa tasse : sait-on jamais...

Un fin sourire glissa sur sa bouche ourlée,endroit même que la jeune femme avait baisé il y a quelques temps...Et comme elle le lui avait demandé,il n'avait pas oublié.ça non,jamais.

-Ma question pourra sembler anodine,mais...

De nouveau ses yeux de glace se glissèrent imperceptiblement dans ceux noisette de la pirate.Deux serpents enserrant son âme de séduction pourtant si inapparente...

-Je voudrais savoir ce que vous avez resenti.Non pas la raison qui vous a amenée sur cette plage,qui a guidé vos pas vers moi,non.Ni ce que cette petite voix vous a sussuré de faire quand nous étions seuls sur cette langue de sable,en marge du temps et des convenances.Non,ce que je veux savoir,c'est ce que vous avez ressenti précisément quand votre coeur a balancé pour moi,ce soudain mouvement que rien n'aurait pu arrêter,cette châleur qui a envahi votre être quand nos lèvres ne faisaient plus qu'un...Cet élan irrésistible qui,après une lutte perdue et éplorée,a fait que vous avez recommencé,avec cette lueur au fond des yeux...Ce plaisir,si je ne m'abuse...? Je veux connaître vos émotions à cet instant,si toutefois des mots existent pour les qualifier.Je veux savoir ce qu'alors je représentais pour vous,ce que vos sourires voulaient m'avouer,ce que votre coeur a par la suite refoulé mais qui,un jour,remontera à la surface à votre inssu le plus délicieux et qui vous fera palper vos lèvres en vous demandant si cette soirée,si ces baisers étaient réels...

Il n'y avait aucune façon tangible et fidèle de restituer son attitude.C'était...Hors normes,hors conjectures,juste terriblement opressant,mais une pression douce,qui se glissait en vous tel un lierre et vous serrait la gorge,doucement,si doucement...Puis le sang manque à votre coeur,l'air à vos poumons,et votre esprit sombre dans l'immensité polaire du regard de cet homme si manipulateur et pourtant si irrésistiblement attirant....

Beckett ne parut pas surpris.Au fond,il avait toujours su,envisager cette possibilité.Car le même schéma s'était certainement produit en lui,à son inssu le plus total.Sans qu'il prenne même la peine d'en considérer l'éventualité.Ah,les éventualités...Tout un éventail,pareil aux couleurs de l'arc-en-ciel,avec une infinité de possibilités,de tons différents,de nuances plus subtiles les unes que les autres.Et à chaque échappatoires,d'autres chemins,d'autres histoires,un pannel de vies différentes et pourtant par endroit identiques,puisqu'issues d'un tronc commun : la réalité pure et dure.

-L'Amour...répéta Cutler,un peu rêveur,un peu absent.Alors comme cela,durant une fraction de seconde,vous m'avez aimé...

C'était l'aboutissement de tout ça.Et une extase pure.Il souria,un peu comme un vainqueur,bien qu'il n'ait rien gagner de plus que deux baisers au clair de lune,un soir.

-Aucun mot ne peut exprimer ma gratitude,Elizabeth.Pour ces mots et...Pour l'Avant.Car vous semblez avoir relégué cet épisode au passé,bien qu'il marque encore le présent.J'en suis la preuve vivante.Il faut désormais vivre l'Après,en savant très bien ce qui s'est passé en vous,en moi,à cet intsnat,entre nous.Car il y a bien eu un "nous",quelque part perdu dans le temps...? Oui,certainement.Et sachez que la vapeur peut toujours être retournée.

Lord Beckett lui tendit la main pour l'aider à se relever.

-J'aimerais également savoir autre chose...

Le Lord sentait d'içi son exquise incertitude,son doute poignant,sa curisosité piquée au vif,son désir de savoir...Son désir,à nouveau porté sur sa personne...
Sa main naguère tendue ne se replaça pas le long de son corps,mais se glissa lentement sur la rambarde de marbre de l'escalier.Tout doucement,insidieuse,effleurant à peine la pierre.Le regard de Beckett l'avait suivie et il répondit aux interrogations d'Elizabeth sur un ton absent,presque léger.

-Immaginons...Immaginons que je redépose mes armes à l'entrée de votre coeur,que je suive de nouveau vos charmes quelque part là-bas,au milieu de vos rêves et de vos désirs les plus secrets...Qu'au milieu de vos nuits,qu'au creu de votre sommeil,soudain un jour nouveau se lève,une étrange lueur à nul autre pareil,mais que nous connaissons tous deux pour l'avoir déjà vécue au cours d'une soirée éphémère et sucrée...

Ses doigts fins et blanc,qui avaient pianoté distraitement la surface lisse et froide se stoppèrent alors et s'appuyèrent un peu plus,comme si le corps auquel ils étaient rattachés cherchait à se pencher.Vers elle,un but,une idée,un projet...

-Si la situation connue naguère se représentait...ce n'est qu'une simple question,Elizabeth...

Il sussurait à présent,la Tentation elle-même semblait s'être personnifiée.Ils étaient seuls,le silence alentour,rien qu'eux deux...Attraction...?

-Que feriez-vous Elizabeth...? Ecouteriez-vous une nouvelle fois ce petit être intérieur qui vous murmure de faire et de refaire encore et encore ce que vous avez fait sur cette plage,à l'instant même,ne pensant qu'au plaisir que cela pourrait vous procurer,sans liens,sans attaches,juste le désir de vivre pleinement cette envie qui a poussée vers ma personne,cette attraction si intriguante,cet opium si parfait,cette symbiose si impeccable....?

Résister était un vrai défi,quasi-insurmontable.Et peut-être même ne voulait-il pas être surmonté...?

Lord Beckett hocha la tête,mas n'adopta pourtant pas un air grave : il avait eu ce qu'il voulait,ce qu'il était venu chercher dans cette demeure abandonnée...

-Bien évidemment.Ou du moins le plus possible.Vous l'avez été tant de fois en ma présence que je m'y suis habitué...

En réalité,il n'avait jamais pensé pouvoir arriver si loin avec Elizabeth,à un aveu d'un sentiment jugé interdit mais existant pourtant.Comme quoi,rien n'est vraiment impossible...

Très bien, termina la jeune femme.
Elle se leva doucement, s'approcha des lèvres du Lord mais se bloqua à quelques millimètres de celles-ci. Elle prononça un clair et concis:
Non. Vous avez votre réponse. Les explications n'iront pas plus loin.
Elle même ne savait pourquoi elle avait réagit comme ça.

Un petit sourire ironique et terriblement amusé plissa ses lèvres qui étaient si proches de celle de la jeune femme.Lorsqu'Elizabeth s'était approchée de lui,le Lord n'avait pas cillé et l'avait même laissée venir comme on attire à soi un esprit sans défenses par l'hypnose.

-C'est étrange...Votre non prend les airs d'un oui...

Il avait parlé tout doucement,leur deux bouches se frôlaient,mettant en danger la raison elle-même.Lord Beckett n'était pas un petit joueur,et cette règle de conduite s'appliquait même en amour.Même si ce cas ne pouvait pas réellement prétendre à ce titre.Avec une lenteur extrème,il laissa ses lèvres flâner sur la joue de la demoiselle,jusqu'à son oreille,pour continuer sur le même ton lancinant,son souffle courant sur sa peau hâlée :

-C'est dommage...Cela dit,c'est votre choix,et je le respecte.Mais malgré tout,vous savez me trouver au cas où vous changeriez d'avis...

Bien sûr,vu qu'elle l'avait sous la main maintenant...Certes,Cutler lui lançait une amarre,mais n'irait sans doute pas la chercher.Sans doute...
Le Lord revint à sa position initiale,bien en face de la pirate,les yeux mis-clos,une ombre de sourire charmeur dessinée inconsciemment sur son visage si fin et si proche.

-Je vais donc vous laissez,Elizabeth...

Et pourtant,il ne bougea pas d'un pouce,même minuscule.

Vous nous laissez déjà? Comme c'est dommage.

Elle se dirigea vers la porte d'entrée quand...

...Elle découvrit que cette dernière était verrouillée.Un silence de plomb succéda à cette découverte quelque peu alarmante.Si Elizabeth y avait regardé de plus près,elle aurait vu que les serrures avaient été changée.Et l'instigateur de cette modification ne pouvait être que celui qu'elle prétendait déjà regretter.
Cutler avait suvi le mouvement de la jeune femme sans bouger,avec cette éternelle ombre de sourire qui laissait présager que cette issue avait été prévue à l'avance.

-Vous m'en voyez flaté,très chère...Mais toutes les bonnes choses ont une fin,enfin...C'est ce que l'on dit.Il parait que cela sert à plus nous faire profiter de l'instant présent.

Tout ce qu'il savait,c'était qu'il avait la clef,et pas elle.Bien entendu,il n'y avait pas que cette sortie,mais cela montrait à la pirate que même chez elle,dans son ultime refuge,le Lord exerçait toujours une influence,et pas des moindres.
S'appuyant contre la balustrade de l'escalier,Beckett reprit :

-C'est étrange,j'aurais immaginé que,le jour où vous m'auriez sous la main et où nos...Rapports veraient un jour plus clément,vous chercheriez à m'utiliser.Comme pour avoir des informations sur des personnes qui comptent pour vous.Comme sur...Votre père,par exemple.

L'ex-Gouverneur Swann,décédé il y a peu...Peut-être Elizabeth voudrait-elle savoir pas quelles souffrances son géniteur était passé avant de trépasser ?

Elizabeth sourit comme elle avait su à l'avance ce qui venait de se passer. Ce qui n'était bien entendu pas le cas. En bonne manipulatrice qui se respecte, elle se tourna vers le Lord et se jeta dans ses bras. Elle fit mine de pleurer toutes les larmes de son corps et dit entre deux (faux) sanglots:

Dis-moi tous ce que vous savez Lord, une bonne fois pour toutes. *snif* Je préfère souffrir en ayant connaissance de toute l'histoire *snif* que de souffrir dans l'ignorance. *snif*

C'était la première fois qu'elle utilisait cette tactique pour parvenir à ses fins. Alors elle tenta :

Finalement non, *snif* ne me dites rien, je ne veux rien savoir! *snif*.

Elle courut dans sa chambre en hurlant:

Je veux savoir la vérité!

Et elle repartit dans ses larmes laissant Beckett au bas des escaliers. Elle claqua la porte, et s'arrêta instantanément de pleurer. Un nouveau sourire se dessina sur son visage, cette fois-ci quelque peu songeuse. Elle mouilla ses yeux avec le verre d'eau qui se trouvait sur sa table de nuit. Repris son souffle et se força à pleurer comme un enfant qui aurait perdu sa maman, ou dans son cas, son papa...