C'est nous contre le monde (Pv Norrington)

Trois jours avaient passé depuis la bataille de la forgerie.Trois jours que les cadavres des jeunes soldats avaient été ramassés et enterrés au cimetière militaire de la ville,sans honneurs ni cérémonie dignes de leur courage,trois jours que de nombreuses familes de Port Royal et d'Angleterre pleurait un fils,un fiancé,un frère disparu et dont le sang avait laissé une trace sur la terre de la vaste salle désormais vide.Trois jours que les blessés avaient pris place à l'infirmerie,complettant tous les lits auparavant vides.
Et trois jours que Lord Beckett n'avait pas dit un seul mot.Soixante-douze heures d'un silence de marbre,pas un son,rien.Trois jours qu'il s'asseyait à son bureau d'une manière automatique,seul étant donné que Mercer ne pouvait plus assuré sa charge,à fixer le mur en face de lui.Il n'avait rien écrit,rien signé et pourtant,lorsque l'on croisait son regard,on pouvait discerner la grande réflexion dans laquelle il était plongé depuis tout ce temps.Parfois,ses yeux étaient pleins de colère...Ou alors appaisés,mais le plus souvent,il semblait absent,loin de son bureau.On voyait qu'il préparait quelque chose,mais quoi...
Le matin du quatrième jour,Beckett apostropha soudain un petit commis qui sursauta en entendant si soudainement le Lord si silencieux tantôt.

-Allez me quérir l'Amiral Norrington,je vous prie.

Son messager opina et sortit,laissant son patron à ses idées.Cutler,quant à lui,s'enfonça dans son fauteuil,patient : son visage fermé ne trahissait aucune émotion.

Hj : J'adore le petit air détaché que James adopte dans le 3 en la sortant...


Le regard bleu glace de son supérieur se posa sur lui,absent.Il l'avait appeler,et Norrington était là,devant lui,à attendre ce qu'il préparait depuis trois journées entières.Mais Beckett était-il fin prêt ? En fait,il semblait à peine voir son officier,lui qui était encore loin,si loin de cette discussion...
Cutler remarqua que,bien qu'il cotoyait l'Amiral depuis quelques temps déjà,il ne l'avait jamais vraiment regardé.Il avait déjà tenté de lire en lui,toujours avec succès et l'aurait reconnu sans mal s'il l'avait croisé dans un couloir ou en pleine rue.Cependant,le Lord n'avait jamais vraiment pris le temps de détailler son visage,la finesse de ses traits.Les yeux de James,par exemple.D'un bleu acier profond et imperturbable.Son front large,caractéristique des hommes sensés.La courbe de son menton,volontaire.Sa haute stature de militaire,très scolaire et impeccable.La forme même de son visage le plongeait dans un abîme de réflexion qui prolongea son silence d'une ou deux minutes.Des secondes d'un examen minutieux et presque oppressant.Mais Beckett devait revenir à la réalité,bouger,parler,c'était le moment de reprendre son statut de chef et de faire valoir son autorité suprême.
Un immense sourire se dessina alors lentement sur son visage qui reprenait vie.Un sourir apparemment franc,indescriptible et indéchifrable.

-Ah,mon cher Amiral...Vous me voyez fort aise de vous avoir enfin sous la main.

Le ton de sa voix était...Amical ? Comme si James avait été un ami de longue date que l'on retrouve après une absence qui n'a que trop duré...
Lord Beckett se leva de son siège,toujours aussi souriant,et vint se planter avec ce petit air ravi -factice ou non,impossible de le déterminer- à la droite de Norrington.

-Vous savez pourquoi vous êtes içi,je présume,mon bon Norrington...?

C'était un homme intelligent,il devait avoir deviner...Ou croire avoir deviné la raison de ce rendez-vous.

hs:On aurait presque cru que Cutler l'emmerdait ^^




James fut très surpris de la réction de Beckett, il pensait se faire saqué mais non le Lord était ravi de le voir, se pourait il que Mercer n'est pas touché un mot de la scène à son "maître", peut-être parce que Norrington l'avait sauvé.C'était un bon motif.
Soit c'était cela ou bien....Lord Beckett allait demandé quelque chose à l'amiral.Tout était possible, mais James partait du fait que le Lord était au courant de ce qui c'était passé.
Il baissa le regard.

Oui My Lord je le sais.

Que pouvait il dire de plus? Il n'allait pas tout déballer si Beckett ne savait rien, il attendit donc que le Lord lui expose la raison de sa présence ici mais commençait déjà à penser à son départ, il suffisait juste de tenir le temps de se faire passer un savon.

Hj : Oh,à peine...XD Et ça le faisait bien marrer,l'autre,planqué derrière son bureau et son Mercer... J'suis sûre qu'il prenait son pied,à sans cesse lui rappeler qui était le patron...



Le plan de Beckett était réglé comme du papier à musique et James n'était là-dedans qu'un pauvre pion,une barque malmenée par la tempête.Le gradé ne savait toujours pas pourquoi son patron avait ordonné sa présence,ni pourquoi il semblait de si charmante humeur.
Cutler se fichait de lui,le plus royalement du monde.
Il savourait cette subtile angoisse qui empoisonnait tout ceux qui,ayant commis une faute grave,passait devant le bureau tant craint.Oui,Cutler savait tout...Comment Mercer aurait-il pu lui cacher quelque chose,même s'il l'avait voulu ? Au contraire,le mercenaire avait lourdement insisté sur la fuite des pirates et non sur sa piteuse prestation...Mais cela ne changeait rien à la situation : James avait fauté.La seule question était de savoir comment Lord Beckett allait agir en conséquence.

-Oh,quel dommage,moi qui voulait vous faire une surprise...,continua-t-il,modérément enjoué.

Surprise ? Tout cela était étrange...Beckett se mit à déambuler lentement dans la pièce,un bras le dos,jusqu'à arriver devant l'immense carte murale.De sa main libre,il suivit le tracé de l'Afrique du Sud,tout en reprenant le fil de son discours.

-Votre nomination en tant qu'ambassadeur officiel de Port Royal m'est venue immédiatement à l'esprit lorsque monsieur Mercer m'a narré votre réussite à la forge.Il est vrai que vous avez brillamment arrêter Jack Sparrow et ses comparses ainsi que mis la main sur le Pearl qui mouillait au port,en attendant son capitaine...

Très étrange ! Même trop ! L'Amiral avait failli,et il en était récompensé ! Oui,il y avait véritablement anguille sous roche,et très certainement venimeuse.

-En vérité,vous seul méritez une telle promotion.Ce ne sont certainement pas nos anciennes jeunes recrues qui diront le contraire : tant d'incompétance,tant stupidité...Aucune stratégie,aucune logique,tout bonnement une atrocité militaire.J'ai besoin d'hommes forts,Norrington.Des hommes comme vous,adhérant totalement à ma politique,pouvant la défendre jusqu'à la mort,avec toute la conviction nécessaire pour mettre en avant mes principes auprès du Roi,un homme qui,s'il croisait le fer avec un pirate,le tuerait sans hésiter,un soldat qui ne baisserait pas les armes avant d'avoir accompli son devoir.Une personne qui,si elle croisait Sparrow,donnerait sa vie plutôt que de le voir libre par son manque de courage,sa faute ou son esprit trop faible.

Atrocité ordonnée par lui-même...Tout ces pauvres jeunes hommes,cette chaire à canon ainsi évoquée,avec tant de mépris,avec tant de hauteur...Comme s'ils n'étaient rien,rien que des vers de terre bien justement tués.Une délivrance,en fin de compte !
Beckett voulait faire culpabiliser James jusqu'à ce qu'il le supplie de ne pas lui accorder ce poste,par respect pour ceux tombés au combat,parceque son "sens de l'honneur" si relatif lui interdisait d'ainsi prendre un rôle qui n'était pas la plus pure et la plus stricte vérité.Une torture morale inhumaine de par sa méchanceté sans limites.
Le regard de glace du Lord se braqua alors dans des yeux de l'Amiral,incisif,calculateur.

-Racontez-moi en détails à quel point vous avez été héroïque,Amiral.C'est un ordre.

Son petite sourire mesquin était revenu,plus asséré que jamais.

Hj : Ce geste est hyper symbolique...D'une part,James perd son emploi : elle passe entre les mains de Beckett qui mène la partie désormais.Cependant,Norrington revient du côté des "gentils",et l'arme lui revient...Bien que le Lord garde toujours un fort contrôle sur lui...Il lui rend son poste,son épée...Mais tout est-il vraiment comme avant ? Il n'empêche que cette épée ne va qu'à James...C'est comme une part de lui,de sa personnalité droite et respectueuse de la Loi.Beckett la possède donc toujours un peu...



Ce que l'Amiral oubliait de prendre dans son calcul,c'était le fait que dans l'existance,quelle qu'elle soit,rien n'était tout blanc ou tout noir.L'Univers se résumait à un océan sans fin de gris aux nuances changeantes,mouvantes commes les dunes d'un désert dont les confins étaient encore inconnus.Les gentils ne gagnaient pas toujours : les moyens,l'argent et la hargne pesaient dans la balance plus que la sympathie ou le courage.C'était ainsi,un système atroce,mais le seul connu à ce jour.Seul le travail et la poursuite d'un but pouvait vous garder la tête hors de l'eau,au dessus de tout cela,dans une sphère de privilégiés au coeur de pierre.

-Vous avez laissé échapper Jack Sparrow par trois fois,vous avez perdu un navire,propriété de Sa Royal Majesté,vous êtes devenu pirate,vous vous êtes enrôlé volontairement dans l'équipage de celui que vous deviez arrêter par tous le moyens possibles,vous désobéissez au moindre ordre contraire à votre "éthique",et pour parfaire le tout,vous écoutez plus votre coeur que votre bon sens.

Triste constat de la situation,comme aurait dit le pirate le plus recherché des Sept Mers...Il était d'ailleurs étonnant que James ne soit pas derrière les barreaux ou plus simplement pendu pour trahison,association avec des hors-la-loi,piraterie et désobéissance répétée.Une liste longue et pas toujours véridique,bien que les faits soient là,dans la réalité comme sur la conscience du militaire.Cette énumération avait le son de la lame d'une guillotine chutant vers un cou condamné dès le départ...

-Connaissez-vous l'histoire de Jonas,James ? Les livres saints nous rapportent que sa trahison déchaina la colère des Dieux si bien que ses marins,désireux de sortir indemne de la terrible tempête où l'inconscient les avait menés,le jetèrent à la mer.Cependant,il ne mourut pas de suite.Une baleine immense l'avala et il resta trois jours entier en son ventre.Vous êtes ce Jonas,Amiral,coincé au fond d'un poisson qui vous délivrera si vous retrouvez le droit chemin ou vous digèrera sans regret si l'incartade devient une habitude.Ne me décevez plus,vous êtes un homme des plus sensés,mais également l'un de mes meilleurs éléments.Vous restez à la Compagnie,mais vous tomberez d'accord avec moi sur le point suivant : une punition conséquente s'impose.Vous serez donc aux arrêts trois semaines et votre travail consistera à me faire un résumé complet et irréprochable des vingt dernières années d'archives concervées au fort.

Telle était la sentence ! Pas de renvois,mais une tâche à mourir littéralement d'ennui,à suffoquer dans la poussière et les vieux parchemins.De plus,la EITc ne séjournant pas en ces lieux depuis vingt ans,Norrington devrait retrouver les archives datant de la période Swann,perdue Dieu savait où...Sans compter une surveillance accrue de ses faits et gestes.
Et pourtant,la véritable torture ne faisait que commencer,malheureusement pour le pauvre gradé....

-La soeur de mademoiselle Swann,dîtes-vous....? continua le Lord,détestablement suave,parfaitement conscient de l'impact de ses mots.Intéressant...Cette chère Elizabeth ne m'avait jamais parlé de sa famille...Il faudra que je lui en touche deux mots la prochaine fois que j'aurais le plaisir de la croiser...

Oh,comme Cutler savait à quel point l'officier aimait la jeune femme...a quel point il souffrait de la voir dans les bras d'un autre...Il se délectait déjà du son de son coeur se brisant sous la nouvelle : lui,si haï,si détestable...Avec elle,sur une plage...Rien qu'eux...Et tout ce qui s'était passé ensuite...