Suite du bureau de Beckett (Beckett, Sarah et moi)

Le Lord se tenait droit,majestueux dans la lumière du soleil couchant.La couleur orangée du soleil donnait une certaine châleur à ses traits dont les yeux étaient la seule note fraiche.Un pied sur un rempart,appuyé sur sa cuisse,il scrutait l'horizon,impassible,pareil aux statues que les peuples anciens dressaient à l'entrée des port pour guetter les marins.
Il n'entendit pas Momo arriver dans son dos.Ou peut-être ne voulut-il pas le remarquer.Tout était si compliqué avec cet homme-là...Etait-ce son charme ?

Cutler se retourna lentement,son regard glissant avec une lenteur presque caressante jusqu'à la demoiselle,cet être qu'il avait par moment du mal à suivre.Comme s'ils ne venaient pas du même monde...L'une du monde des Hommes,l'autre de l'Enfer...

-Ce n'est rien.Bien que cette scène ait été réellement éprouvante,je vais bien.

En surface...Ne pas creuser trop profond,juste s'éloigner,voiler le tout par une attitude toute faite et passer à autre chose.Vite.

-Et bien j'espère que tu grandiras vite,rien que pour aller plus loin que cela...

Sa main droite releva son menton avant que ses fines lèvres déposent un baiser à la commissure de la bouche de la jeune femme.C'était...A la fois doux,un baiser d'amour,mais énervant : trop peu ! On aurait attendu un vrai baiser...Mais Beckett aimait ne pas contenter totalement son monde,pour qu'il le redemande avec plus de force encore...

-Et puis ne te déteste donc pas.Pourquoi aurais-tu à le faire,d'ailleurs...?

Cutler sembla un instant perdu dans ses pensées,en ce labyrinthe si inextricable.
Pourquoi cet amour,si la EITC avait ainsi marqué sa vie ? Encore plus sûrement que le fer rouge...
Mais c'était les règles du jeu : corsaire,elle obtenait un retour à ses sentiments.Pirate...La corde,et rien de plus.

-Je n'ai pas envie de parler de cela.Le passé est très bien où il est,crois moi.

Pourquoi cet interrogatoire ? Elle n'allait tout de même pas commencer comme Carlotta,à lui demander sans cesse comment il allait et le moyen de l'aider...Cette démarche était certes très altruiste et agréable,mais Beckett était un adulte,et non un enfant qui a besoin qu'on lui tienne la main.

-Peut-être est-ce parceque le monde me hais que je suis ainsi...a quelques exeptions près,évidemment.

Cutler lui sourit.C'était touchant,toute ces tentatives touchantes pour lui donner un autre visage,une âme charitable,un coeur pouvant éprouvé de la compassion.Il sourit à Momo,savant très bien ue,malgré la beauté de ses mots,la vérité était ailleurs.

-Ce que tu dis est fort bien tourné et,je l'espère de tout coeur,véridique.

Quitte à se faire de fausses idées,autant qu'elles soient agréables...Mais la proposition de la demoiselle le laissa pantois,de nouveau perdu en lui-même.

-Personnellement,je ne le souhaite pas.Pourquoi arrêter ce qui vient à peine de commencer ? Voilà mon avis.

Son beau regard se fit légèrement scrutateur,comme pour lire en elle,décrypter cette étrange situation.

-Que ce passe-t-il,Momo ? Y-a-t-il un problème dont tu voudrais me parler ?

Le Lord cligna des yeux.Elle voulait...Quoi...?
Un petit rire nerveux secoua soudain ses épaules,irrépressible,pas pour se moquer,mais vraiment parceque qu'il n'aurait jamais songé une seule seconde à faire cela,vraiment.

-Je suis vraiment désolé de te dire cela,ma chère,mais si le cas se présentait,tu devrais faire bien plus que de "prendre la faute sur toi".C'est bien simple,Cate te tuerait,et de sang froid encore.tu pourrais me dire qu'une conscience tranquile est à ce prix...Prenons l'hypothèse que le chagrin ne me terrasse point suite à ton décès,ce qui risque d'être très peu véridique.Et bien elle me tuerait aussi,très certainement.

Cutler avait lancer cette affirmation sérieusement,bien qu'il ne parut pas affecté plus que cela par cette hypothèse-catastrophe.D'un rapde geste de la main,accompagné d'une rotation des hanches sophistiquée,il indiqua le bord des murailles.

-Si tu veux,nous pouvons sauter ensemble du haut de ces murs,cela sans doute plus rapide et bien moins douloureux que ce que pourrait nous préparer Carlotta.

Beckett ne voulait pas avoir ce genre de discussion,il était toujours messager de mauvais présages.La mise en lumière d'imperfections,de soucis alors que l'amour lui vidait tellement bien la tête...
Il ne souriait plus du tout,et avait même adopté un air très grave,certainement le même qu'avaient usité les Rois européens lors d'adoubements de chevaliers.

-Alors tu dois bien savoir une chose : à la seconde même où elle le saura,Cate fera tout pour nous séparer,avec la rigueur et la constance les plus pointues qui soient.Elle usera de coups bas pour nous acculer contre le mur de la réalité dévoilée et briser ce qu'il y a entre nous sans même un remord.Je sais ce qu'elle veut,et c'est moi.Rien d'autre ne doit noircir son tableau,cet élément étant voué à être éliminé sans plus attendre.Si la vérité éclate,nous aurons à vivre de bien sombrs heures,loin de l'ivresse que nous avons goûtée et que je t'avais promise.

Un simple baiser serait totalement prohibé,alors se donner à elle ! S'ils survivaient,ce serait déjà un miracle...Mais ce que la demoiselle oubiait et ce à quoi Beckett n'avait pas encore pensé,c'était que personne n'est vraiment irremplaçable...Et cette relation devenait trop gênante pour sa carrière,le Lord se verrait forcé de couper les ponts...Mas ce n'était vraiment qu'une hypothèse lointaine,un vagu cauchemar lointain.Mais qui pouvait,par la force des choses,devenir une évetualité fatale.

-En sachant cela et les risques qu'une telle révélation met en place,souhaites-tu toujours aller la voir...?

Cutler la regarda,mais avec un oeil neuf,presque admiratif.Tant de choses,rien que pour lui...Et multipliée par deux,s'il comptait Carlotta.C'était tout bonnement incroyable qu'un être comme lui,avec tout ce que cet état impliquait,puisse ainsi obtenir tant d'être si bons.Mais pourquoi ? Pourquoi l'amour les avait-il frappées de sa flèche pour qu'elle s'éprenent de lui ? C'était une question intéressante,un brin rétorique : chacun sait à quel point les anglais ont un charme inné,naturel,qui s dégage sans qu'ils y pensent même...

-Oui,je t'aime vraiment.

Cela tenait en cinq mots,tant d'évolutions,d'idées,de principes,de valeurs,de sincérité si difficilement acquise pour eux deux.La force de le dire et de le penser,la force de le demander.Beckett savait qu'aucun discours ni aucune fioriture orale n'équivaudrait à ce qu'il venait de dire.Il n'y en avait tout simplement pas besoin,tout cela se suffisait à lui-même,à ce sourire de paix,à ces yeux bleux qui brillaient doucement en la regardant,elle.
C'était également étrange de voir à quel point les femmes idéalisaient les idylles,ces choses si simples qui devenaient compliquées pour atteindre le sublime,qui,évidemment,était plus que nécessaire.

-Fait comme bon te semble,après tout,jenepuis t'empêcher de vivre.Mais tu es prévenue,malheureusement...

Le duel entre Momo et Cate serait tout bonnement délicieux,et le côté pervers du Lord refaisait un instant surface : deux femmes luttant pour lui,superbe au dessus de la mêlée,choisissant en maître et en unique vainqueur qui serait à ses côtés...Dans un sens,il avait un peu honte d'avoir de telles pensées.Mais chacun ses fantasmes...

Dans la vie,comme dans toute chose,il y a des limites.Des frontières qu'on ne peut pas dépasser.Sous peine de devoir faire face à de terribles choses,des choses irréversibles.Par la suite,on regrette.Mais c'est trop tard.Bien trop tard.
Et comme sur la place de la potence,Cutler parla avec son coeur.Mais il aurait mieux fallu qu'il se taise.

-Ecoute moi bien,car je ne le redirai pas deux fois.Carlotta est ma fiancée.Cela implique que je l'aime,au même titre que je t'aime,toi.J'ai besoin de vous deux,ensemble.Et renoncer à l'une de vous deux m'est impossible,que ce soit pour toi ou pour elle.

Il était devenu si froid,si...Si...Sa voix ne tremblait même pas.

-Je pourrais faire un nombre incalculable de choses pour toi.Le simple fait que tu sois encore pirate le prouve.Mais pas cela,pas ce genre de choses.Alors que tout soit bien clair : tu es venue à moi,je t'ai répondu.C'est une joie en soi.Mais tu viens d'atteindre les bornes et derrière elles,c'est le vide.Libre à toi de continuer sur cette route,mais ce sera sans moi.Si tu m'aimes assez pour donner ta vie,accepte mes fiançailles,et respecte ce sentiment que j'éprouve.Et ne t'occupe plus de Carlotta,elle n'a rien à voir avec nous deux.Sinon,et bien...

Cutler croisa les bras,soudain sombre,très sombre.

-J'aurais mal,très mal.Une douleur sans nom.Mais il n'existe aucun mal duquel on ne peut guérir,tient toi le pour dit.Je t'aime,c'est tout ce qui compte,tout ce que tu dois voir,tout notre univers.Tu n'as pas réussi à abandonner la piraterie,je n'arriverai pas à la quitter.

Si elle n'en était pas capable,et bien c'était clair et net : tant pis.Être avec Lord Beckett demandait des sacrifices,et si la corsaire n'était pas prête à cela,et bien...Tant pis.

-Alors toute cette mise en scène,à la potence...C'était pour en arriver là...? Pour m'obliger à avoir mal ? Merçi,vraiment.Car après tout,ce qui ne tue pas rend plus fort...Mais réfléchit bien,je t'en conjure.

-Et bien alors adieu,puisque c'est...Votre choix.

ça faisait mal,vraiment mal.Mais le Lord avait déjà ressentit ça,maintes et maintes fois,alors il savait bien que cela passerait...Que ce serait intolérable sur le moment mais qu'après,il oublierait...Non,c'était faux,il n'arriverait pas à faire une croix dessus.Il baissa les yeux,rompu de fatigue.De...Tristesse ? Une part de lui se révoltait contre l'ultimatum de Momo,mais une autre était erreintée de fuire,voulait retrouver les mots doux que lui sussurait la jeune femme.
Mais elle ne voulait pas de cela,c'était clair.Et si cela se trouvait,elle ne l'avait jamais vraiment aimé.Oui,c'était cela.Jamais vraiment.

-Mais vous restez malgré tout corsaire sous les ordres de Sa Majesté,comme le stipule votre promesse et le contrat que vous avez signé.

Son coeur souffrait...Il saignait,il hurlait...Cutler serra les poings.Tait-toi,s'il te plaît,tait-toi...Je ne veux pas t'endendre...Assez,assez...Assez !
Cela ne dura qu'un instant.Une poignée de secondes,le temps d'un songe,d'un battement de cil,d'un claquement de doigts.Le temps qu'il faut pour mourir ou pour venir au monde.Un moment qui résume tous les autres moments tant il est intense.
Lord Beckett avait rattrapé Neko et,subissant peut-être pour la dernière fois l'ascendant de son coeur,l'avait tirée à lui et embrassée fougueusement,comme il ne l'avait jamais embrassée,comme il n'est jamais possible d'embrasser quelqun.

-C'est égoïste,je le sais,mais...Trouve un jour le bonheur.Tu le mérites.Je ne t'oublierai pas,Momo,ni toi,ni ces moments,ni ton parfum...

Parceque l'existance forme un cercle,qu'on revient toujours au point de départ,morose,rendu amère par l'expérience déjà terminée.Tout aurait-il été différent si rien ne s'était passé,s'il s'était tu,dans cette chapelle,là haut,sur la colline ?
Cutler recula d'un pas,et la regarda,ce brin de femme qui l'avait fait sourire,qui l'avait fait aimer.Et tout comme au premier jour,ils se regardèrent,comme on redécouvre l'ami sincère qu'on a toujours cotoyé,le parent qui fait partie intégrale de notre vie,de ce que nous sommes.
Oui,la vie de Beckett aurait été différente,diamétralement.Mais quelle respiration avait annoncé le début de la fin,le commencement de la chutte ? Il ne savait pas,et ne voulait pas le savoir.Juste tout garde pour lui,enfoui,le bien comme le mal,la joie éphémère comme la peine durable,en un absès de souvenirs,un parmis tant d'autres.C'était ainsi,c'était sa vie,la base même de ce qu'était Lord Cutler Beckett.Un echaînement de déception qui avait bâti sa résistance et qui rongeait ses racines.Et un jour,qui le dévorerait tout entier.Le soleil,au loin,terminait de se coucher,terriblement indifférent à ce drame.
Parce qu'on a jamais vraimnt le choix des murs qui vous étouffnt,parceque la paix et le bonheur ne sont que de cruelles illusions.Ou bien était-ce sa faute ? Il ne savait pas,il ne voulait pas savoir.Il voulait ne plus rin sentir,se refermer un peu plus,sombrer un peu plus bas...Et soudain,Cutler comprit le geste de Davy Jones : s'arracher le coeur pour ne plus souffrir,oubliées,les petites joies passagères de la vie et les déceptions qui en fait,comptent uniquement...Être à la hauteur,se complaire à cela,et perdre peu à peu son côté humain...Et ne plus faire qu'un avec cette chose rampante et noire contre laquelle vous aviez si lontemps lutter...
Plus de force,plus de volonté,plus d'appui,plus de main secourable pour vous retenir...

Une ombre glissa sur le chemin de ronde,et pourtant,quiconque l'aurait remarqué aurait tout de suite deviné son identité.Les yeux et les oreilles du Lord avaient observé le "suicide" de cette petite timorée sans aucune compassion.
Pauvre Lord Beckett...Il méritait tellement mieux...Mais pas ça.
David ne songeait qu'à la réusste professionnelle du Lord,et n'avait pour seul objectif que d'éliminer ceux qui teterait de s'y opposer.Mais si son patron tenait à ces personnes...C'était le cas le plus épineux,mais l'homme de main observait sans rien dire,attendant son heure,l'occasion de démontrer à son modèle que tout ces sentiments ne pouvaient que le faire chutter,réduire à néant ses efforts.
Rapidement,il rejoint Beckett et lui murmura brièvement ce qui venait de se passer.Mercer ne put discerner aucune émotion particulière sur le visage fermé de son supérieur.Rien que du calme,un calme profond.
Après quelques secondes de silence,le Lord se mit en route vers son bureau,sans un mot,passant par un couloir secondaire pour éviter la place de la potence.
Et Dave le suivit à disance,un sourire aux lèvres : il allait s'enfermer et se plonger dans un dossier,pour oublier.Et il fallit qu'il oublie cette fille,qu'il se vide la tête et se concentre de nouveau sur sa tache.C'était la meilleure chose qu'il puisse faire désormais.